Cher Androcure, à toi qui m'a pourri la vie pendant 3 ans...

by - 11:23

A toi consommatrice d'Androcure, à toi qui souffre, j'espère que cet article mettra fin à ton calvaire. 

Mes chers lecteurs,
Aujourd'hui je viens vous parler d'un sujet inclassable dans le menu de mon blog.
Inclassable car très personnel. En effet, j'aimerais vous parler de 3 ans de vie "gâchés" et dont je n'ai su que très récemment la raison.
Si j'écris cet article aujourd'hui ce n'est pas pour vous imposer la lecture de mes plaintes ni même pour vous obliger à vous morfondre. Je ne vous conseille pas forcément de me lire.
Si j'écris cet article aujourd'hui, c'est pour aider toutes les personnes qui se trouvent dans le même cas que la petite moi d'il n'y a pas si longtemps car cet article elle l'a longtemps cherché sur le web sans jamais le trouver.
Attention, petit story time, sortez les lunettes car ça risque d'être long...

Durant mon récit, excusez mon imprécision scientifique, mon absence de rigueur, je souhaite parler à cœur ouvert de mon ressenti et je ne rentrerai pas dans des aspects techniques.


2014

Le début de mon calvaire.

J'ai vécu une adolescence en connaissance des joies de l'acné.
Cela n'a jamais été un réel complexe pour moi mais depuis l'âge de 10 ans j'ai toujours eu de l'acné et encore maintenant alors que je suis adulte.
Lorsque je suis rentrée en seconde (j'avais alors 15 ans), l'acné est devenue très sévère et cela me gênait un peu. Les traitements dermatologiques ne fonctionnaient plus, je suis donc allée voir une gynécologue. J'avais des règles très abondantes, très dououreuses et irrégulières et ce depuis toujours. Naturellement la gynécologue m'a proposé une pilule afin de réguler mes règles, en vu de mon acné sévère, elle a ajouté un complément de pilule: l'acétate de cyprotérone, aussi appelé Androcure.



2015

Au début de l'année 2015, alors que je prenais le traitement depuis environ 6 mois, j'ai commencé à ressentir des douleurs de temps à autres dans le bas du ventre, comme des douleurs de règles finalement mais largement supportables. Je me suis dit qu'il n'y avait rien de plus normal, parfois, même lorsque l'on prend la pilule, on peut tout de même ressentir les douleurs des cycles. C'est bien connu.

Les mois passent et je continue à ressentir ces douleurs mais très aléatoirement.
Ce n'est pas régulier, elles arrivent puis partent parfois pour plusieurs semaines puis reviennent.
Je les sens, elles sont là mais font parti de mon quotidien.

Parfois je me dis que c'est l'environnement qui me crée ces douleurs: mon année de seconde n'est pas réjouissante et je ne suis pas au top de mon moral, ça doit être ça aussi les douleurs.


Vacances d'été 2015
Les douleurs persistent et je remarque qu'elles arrivent subitement lorsque mon corps subit un changement de température. A la piscine par exemple. C'est étrange, j'ai parfois des bouffées de chaleur qui les accompagnent, c'est gênant, désagréable et je dois dissimuler ce que je ressens.




2016

Je suis maintenant rentrée en première scientifique (j'ai 16 ans), la quantité de travail est importante et je n'ai pas vraiment le temps de penser à mes douleurs et puis au fond, elles font parti de moi maintenant.

Je n'y pense alors plus du tout le jour, je les sens mais les délaisse mais elles ne m'épargnent pas, elles me réveillent la nuit.

Je me réveille avec cette barre dans le bas du ventre, je suis contractée et j'ai tellement chaud.

Janvier, février, mars, je me réveille et je ne peux rien faire, je me recroqueville, j'ai tellement mal, puis finis par me rendormir tant la fatigue est forte.

On invite des amis à manger, ma mère fait un cake au crabe, j'ai très mal au ventre, je quitte la table, je vais me passer de l'eau sur le visage, il est bourré de plaques rouges. Et qu'est ce que j'ai mal.
Je ne tiens plus debout, il faut que je m'allonge. Mes parents appellent les urgences. Sur c'est une allergie au crabe.


Vacances d'été 2016
Toutes les nuits je me réveille et je ne ressens plus que ça, ces douleurs sont insupportables.
Je décide d'aller voir le médecin qui me conseille de l'Antadis, un calmant très fort.
Ça aide à contrer mes douleurs. Ça va mieux, mes nuits sont de nouveau plus paisibles.

Je décide tout de même d'en parler à ma gynécologue.
Horrifiée par ma prise régulière d'Antadis, elle me le proscrit et me conseille le Spasfon.
Je préfère me fier à elle, elle est plus au courant que mon généraliste à ce sujet.
Je lui fais confiance. Et puis mes ovaires sont normaux, ma prise de sang est parfaite, la douleur ne peut pas être gynécologique.


Septembre 2016
Ça y est je rentre en terminale. Et tout s'accélère.
Les douleurs sont maintenant bien plus étendues, tout le bas de mon ventre me fait extrêmement mal mais aussi mes jambes, mes cuisses particulièrement.

Sans demander l'autorisation à ma gynéco j'essaie d'arrêter ma pilule ainsi que l'Androcure mais mes règles reviennent et cela me fait mal en bas du ventre et me donne la nausée. Je décide de reprendre mon traitement. Je lui en parle ensuite. Elle m'assure que ces produits ne peuvent pas provoquer de telles douleurs.

Les crises sont fréquentes, même en journée, je suis obligée de quitter le cours de biologie tant j'ai mal, tant j'ai chaud, tant je ne tiens plus debout. Et je veux me recroqueviller loin des autres, dans un endroit ou je pourrais hurler. Mais c'est impossible. Il faut tenir le coup.



2017

Et c'est comme ça toutes les nuits et le jour aussi.
Puis plus rien. Puis tout s'arrête enfin.
Ma vie reprend son cours.

Puis un jour ça reviens après 1 mois, 2 mois peut être mais ça revient.
Plus fort encore, une émotion un peu forte et hop.
Un changement de position un peu brusque? Allez.
A la danse, en cours, dans les magasins, je n'ai plus de vie.
J'ai peur de sortir. J'ai peur de sortir et surtout j'ai peur de dire pourquoi.
En effet, à peine j'ai envie d'aller aux toilettes mes douleurs se déclenchent.
Il y a les émotions fortes, il y a les changements brusques de position et il y a cette fichue envie d'aller aux toilettes.

Au début mes parents ne comprennent pas, ils disent que ce n'est pas normal d'avoir toujours envie d'aller aux toilettes comme ça. En vérité je n'ai pas vraiment envie. Une personne normale pourrait se retenir. Mais moi ça me créait ces fichues douleurs. Je ne peux pas attendre une minute, quand je sens qu'elles arrivent je sais que c'est fichu.
Et qu'est ce que ça énerve ma mère.
Je crois qu'elle me pense capricieuse.
Mais la vérité c'est que je ne tiens plus debout, j'ai chaud et j'ai mal, ma peau me brûle c'est insupportable.
Alors je pleure.
Là j'entends tout un tas de choses mais répliquer est au dessus de mes forces: mon frère dit que j'abuse, ma mère me reproche de gâcher la vie de famille.

Puis après ils comprennent, tous ils comprennent que je souffre et que le Spasfon ne suffit plus.
Ma mère décide alors de me faire passer des scanners, échographies, IRM et autres examens et consultations en tout genre... mais il n'y a rien.


Les vacances d'été passent.
J'ai obtenu mon bac avec mention Bien, je suis heureuse et c'est la fin d'une belle galère.
Je vais rentrer à la fac en licence Design, j'ai été sélectionnée et dans ma tête ça va mieux.
C'est difficile de dire que c'est le cas aussi dans mon corps.
Les douleurs s'empirent, à chaque crise des plaques tapissent ma poitrine et dans les pires cas, le bas de mon visage, mon cou et mon dos aussi.
Je me souviens avec ironie de "l'allergie au crabe".


Septembre 2017
Je rentre à la fac, je vis toute seule à Bordeaux et je n'ai qu'une seule peur: avoir des crises en pleine nuit. J'ai peur d'être seule face à ma douleur.  J'ai peur de ne pas savoir gérer.

Au début il n'y a rien.

Je rentre tous les week-end et pendant les vacances scolaires chez mes parents et étrangement c'est durant les vacances que le pic de douleur est le plus important.
Je ne parviens plus à respirer, mes crises m'envahissent entièrement, je reste recroquevillée à haleter, je n'ai plus de souffle.

C'est comme ça. Toujours. Même à Bordeaux. Et je suis seule face à cette torture.

Je ne trouve pas d'où vient ce calvaire.

Parfois des amies me demandent ce que j'ai, pourquoi j'ai toujours mal au ventre, si c'est normal... mais c'est super délicat de répondre. J'ai mal au bas ventre, aux cuisses, ma peau me brûle, j'ai des douleurs atroces au vagin, je ne tiens plus debout et si tu voyais sous mon tshirt je suis bourrée de plaques rouges, voilà rien que ça.

Alors je me contente de répondre "Si je pouvais m'arracher le ventre je le ferais". Voilà ça fait taire les foules.



2018

Le tournant.

Il est devenu impensable pour moi de sortir sans ressentir ces douleurs.
A chaque sorti nous sommes obligés de rentrer en panique car mes crises surgissent.

Une belle journée se passe, nous sommes allés boire un thé dans une cafétéria et là elles arrivent.
Elles arrivent plus fortes que jamais. Plus fortes? Je n'en suis pas si sure en fait mais j'ai décidé que je ne les supportais plus. J'ai décidé de ne plus faire d'efforts, de me laisser aller à elle, je me fiche de ce que les gens peuvent en penser, je ne peux plus assurer la lutte.
Je me recroqueville sur ma chaise et me mets à pleurer, à gémir, à faire toutes ces choses que j'essayais, auparavant, de contrôler en public.

Ma mère n'en peux plus de me voir souffrir ainsi, elle le dit, elle veut qu'on aille aux urgences, je suis obligée, je n'ai pas le choix. Mes parents n'en peuvent plus, cela fait trop longtemps que ça dure.

Alors on part. On part aux urgences.

16h00: je suis recroquevillée sur la chaise des urgences puis ça passe, doucement.
Et on attend, 16h00, 16h30, 17h00, 18h00 ... 23h00 et je ne suis toujours pas reçue.
Les urgences sont saturées. C'est bien connu.

On s'en va. Je n'ai finalement aucune réponse à mes questionnements.
Aucun médecin ne parvient à mettre le doigt sur la source de ces crises.
Je suis perdue et j'ai l'impression que je n'en finirais jamais.

Mais moi je veux en finir, je ne veux plus être esclave de cette souffrance!
J'ai déjà fait tant de recherches sur internet sans ne jamais rien trouver.
Si j'en écoutais Google j'avais une endométriose, un cancer des ovaires ou que sais-je encore...
La souffrance a assez duré et il faut trouver une solution.


16 février 2018
Je me poste devant mon écran et là je pense aux forums, aux bons vieux forums.
Un seul nom me vient en tête: Journal des femmes.
Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je connais son existence.
Je m'inscris et à 0h33 je poste un message.
Ce message qui marquera un véritable tournant dans ma vie:




C'est alors que rapidement apparait une réponse, cette fameuse réponse:
Momo, si un jour tu passes par là, sache que je t'en suis extrêmement reconnaissante. 


Et dans ce message je n'ai vu que la fin, je n'ai vu que la dernière phrase, je n'ai vu que le dernier mot et j'ai compris ce qui était controversé, j'ai tout compris.

Cher Androcure à toi qui m'a pourri la vie pendant 3 ans...   

Maintenant les douleurs c'est fini, les plaques, les brulures, les malaises aussi.
La vie reprend son cours et je peux enfin la vivre pleinement.














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2 commentaires

  1. J'ai pas eu ce problème là mais d'autres liés à ce traitement. Sauf que moi le jour où Diane 35 a été interdite comme pilule j'ai demandé à mon médecin si je pouvais le continuer avec une autre pilule et la réponse a été non car c'était justement la mauvaise partie de Diane 35 qui était amplifié dans ce traitement. Du coup j'ai arrêté et je n'ai plus eu de problème.

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    1. Heureusement que Diane 35 a été interdite! Androcur a provoqué tellement de problèmes, je suis heureuse de voir qu'il est aujourd'hui remis en question.

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